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Principes de l’accessibilité web

Un ensemble de principes directeurs de haut niveau pour approcher l’accessibilité web.

Le mieux est l’ennemi du bien

Rien n’est – ni ne peut être – accessible à 100 %. Quiconque revendique une offre complètement accessible est un menteur, ou ne comprend pas l’accessibilité, ou les deux. Généralement c’est les deux. C’est acceptable de livrer un travail inaccessible, à condition qu’il soit davantage accessible qu’avant. Faites ce que vous pouvez au sein des contraintes données. Si les contraintes ne sont pas raisonnables, commencez par les remettre en question. Vous pouvez ne pas vous sentir être la meilleure personne disponible pour travailler sur l’accessibilité. Mais vous êtes disponible. Ne laissez pas le travail à des super-héro·ïnes de l’accessibilité qui sont absentes (et n’existent pas).

Par défaut, ou c’est foutu

Fondamentalement, l’accessibilité ne marche pas comme un plugin, un add-on ou un état à activer. Si une interface offre l’option d’activer l’accessibilité, elle est inaccessible. Un bouton à faible contraste qui déclenche un contraste élevé ? Game over. De manière catégorique : une surcouche d’accessibilité ne fonctionne pas et ne peut pas fonctionner. Ajouter des trucs d’accessibilité par dessus des trucs inaccessibles ne répond pas aux besoins qui doivent être satisfaits. Les fonctionnalités spécifiques offertes par ces intrus tiers sont immatérielles. Résistez à tout prix à l’idéologie de l’accessibilité post-hoc. Un Produit Minimum Viable (MVP) sans accessibilité n’est pas viable – même à minima.

La même expérience avant tout

Le but n’est pas de créer une meilleure expérience, ou même une bonne expérience. C’est de s’assurer que différentes personnes auront des expériences comparables. Une interface ne doit pas être problématique pour certaines mais pas pour les autres, même si certaines interfaces sont complexes et certains contenus ésotériques. Vous n’avez pas à choisir qui s’intéresse à ça – ou qui peut le gérer. Si une image montre une blague, le texte alternatif ne doit pas gâcher la blague ni expliquer ce qui est drôle. Il doit raconter la même blague par des moyens alternatifs. La blague pourrait être choquante pour certain·es, ou inexplicable pour d’autres. Ce sont des manquements en matière d’inclusion, pas d’accessibilité.

Concevez pour l’implémentation

On dit que la forme doit suivre la fonction. Mais beaucoup d’organisations conçoivent le design d’abord et développent ensuite. La phase de conception du design consiste purement en idéations graphiques et laisse trop de questions d’implémentation sans réponse. De ce fait, les devs se retrouvent encouragé·es à prioriser l’approximation visuelle plutôt que l’accessibilité. Les interfaces de glisser-déposer doivent être opérables avec un clavier. Ce qui veut dire que des boutons doivent être inclus. Ces boutons doivent apparaître dans le “design”. En tant que technicien de l’accessibilité, vous vous devez de contribuer au plus tôt dans un projet, dès l’étape de la conception. Parce que la forme doit suivre la fonction et la fonction doit être accessible.

D’abord, la structure

Une interface mal structurée pourra techniquement être conforme aux WCAG (Règles pour l’accessibilité des contenus Web). Une interface bien structurée et intuitive pourra comporter des erreurs de conformité multiples et distinctes. Mais il y a des chances que cette dernière soit l’interface accessible au plus grand nombre. Les outils d’accessibilité automatique ne sont vraiment bons qu’à repérer des erreurs isolées. Bien qu’ils puissent être utiles pour les diagnostics, vous devez adopter une approche globale. Qu’est-ce qui va troubler ou submerger les gens ? Où vont-ils se faire piéger ? Ne perdez pas de temps à cocher individuellement des critères de conformité lorsque la structure sous-jacente a besoin d’être repensée.

Choisir ses mots

Renseigner des libellés de texte représente une proportion considérable de l’accessibilité web. Les boutons, liens ou champs doivent tous avoir des libellés. De même, les en-têtes et la titraille des pages sont des types importants de libellés. Les messages de statut sont importants pour indiquer l’état de la page. Produire des libellés suffira à répondre à un test automatique d’accessibilité, mais c’est la formulation qui fera la différence. Une bonne rédaction ne peut pas être automatisée. L’intelligence artificielle ne peut pas anticiper votre intention. Développez vos compétences de rédaction, ou incluez des rédacteur·ices dans vos processus.

Les outils ne sont pas des identités

Le handicap n’est pas plus uniforme que son absence. Différents utilisateurs de lecteurs d’écrans utilisent des lecteurs d’écrans différents de différentes manières pour différentes raisons dans des circonstances différentes pour satisfaire des besoins ou des préférences différentes. Et ça, c’est si ils utilisent un logiciel de lecteur d’écran. Il n’y a pas de persona qui puisse modéliser de manière adéquate un utilisateur de lecteur d’écran ou son comportement. Aucun utilisateur de lecteur d’écran ne parle au nom de tous les utilisateurs de lecteurs d’écran. Donc ne concevez pas pour “les utilisateurs de lecteurs d’écrans” (ou tout autre groupe homogène fictif). Concevez pour prendre en charge les capacités des logiciels de lecteurs d’écrans. Les personnes ne peuvent – et ne doivent – pas être quantifiées, mais les interactions entrantes et sortantes peuvent l’être et le sont.

Moins, c’est moins

Le mantra less is more, moins c’est plus, est faux. Moins, c’est juste moins, et c’est une bonne chose. Il y a trop de décisions techniques d’interfaces qui sont prises parce que d’autres l’ont fait, ou juste pour prouver que c’est possible. Arrêtez ça. Plus on en fait, plus le résultat est complexe, plus le risque est grand que ça échoue. Et pas juste en produisant des erreurs ou des pannes isolées ; mais surtout en allant à l’encontre de toute logique. Dans la majorité des cas, la plupart des composants devrait être juste du contenu. Le contenu ne devrait que rarement être caché derrière un bouton. Transformer des titres, des paragraphes ou des listes en une interface à onglets accessible n’est pas une amélioration. C’est une dégradation, juste pour se vanter.

Faites-vous payer

Ne laissez pas votre enthousiasme pour les travaux d’accessibilité être exploité. Comme tout travail, plus il y a de gens qui le font gratuitement, moins il a de valeur. Le travail d’accessibilité n’est pas un extra, un hobby, ou une faveur. C’est une partie fondamentale d’un design d’interface de qualité. Si on vous paye pour travailler et que vous travaillez sur l’accessibilité, elle doit être dans la définition de votre rôle. Le travail d’accessibilité doit être reconnu et récompensé comme n’importe quel autre boulot. Quand “l’accessibilité est le travail de tout le monde”, elle n’est souvent celui de personne. Méfiez-vous de cette rhétorique.

La pêche, pas le poisson

La conception de produits et interfaces accessibles commence par concevoir les organisations et communautés qui les feront. Vous pouvez faire du travail accessible aujourd’hui mais qui le fera demain ? Qui ou quoi pourrait le défaire demain ? Concevoir accessible peut vouloir dire bâtir une équipe d’intégration composée de devs qui maîtrisent l’intégration. Ça peut vouloir dire décommissionner un CMS qui interdit la production de contenus accessibles. Ça peut vouloir dire enseigner à une équipe éditoriale comment structurer leurs contenus. Si vous réparez l’inaccessibilité par vous-même, votre impact va vite s’estomper.

Zéro pointé pour la gesticulation

Les entreprises ont tendance à préférer avoir l’air d’améliorer l’accessibilité, plutôt que de réellement le faire. Elles recrutent des pros de l’accessibilité mais ne leur donnent pas les ressources nécessaires. Elles commissionnent des entretiens avec des personnes handicapées mais refusent d’interpréter les résultats. Elles payent pour des audits mais n’implémentent pas les recommandations. Elles vous disent que le contraste des couleurs doit être traité mais refusent de modifier toute couleur liée à leur précieuse marque. Si vous voulez faire une réelle différence, exigez les actions concrètes au lieu de gesticulations performatives.

Laissez pourrir le mal

Vous aurez l’opportunité de travailler sur des produits qui sont intrinsèquement abusifs ou addictifs, qui produisent de la désinformation ou de la haine, voire simplement qui rajoutent au malheur du monde. Ce genre de produits et les entreprises psychotiques qui les accouchent sont extrêmement résistantes à tout type de réforme, quoi qu’elles puissent vous dire. Ne vous martyrisez pas en tentant de sauver l’irrécupérable. Ne faites pas de leur échec le vôtre. Protégez votre réputation et votre santé mentale. L’inaccessibilité est partout. Travaillez en priorité avec des personnes réceptives, sur le genre de produits qui méritent d’exister.