-
Notifications
You must be signed in to change notification settings - Fork 0
/
feed.xml
473 lines (361 loc) · 72 KB
/
feed.xml
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
100
101
102
103
104
105
106
107
108
109
110
111
112
113
114
115
116
117
118
119
120
121
122
123
124
125
126
127
128
129
130
131
132
133
134
135
136
137
138
139
140
141
142
143
144
145
146
147
148
149
150
151
152
153
154
155
156
157
158
159
160
161
162
163
164
165
166
167
168
169
170
171
172
173
174
175
176
177
178
179
180
181
182
183
184
185
186
187
188
189
190
191
192
193
194
195
196
197
198
199
200
201
202
203
204
205
206
207
208
209
210
211
212
213
214
215
216
217
218
219
220
221
222
223
224
225
226
227
228
229
230
231
232
233
234
235
236
237
238
239
240
241
242
243
244
245
246
247
248
249
250
251
252
253
254
255
256
257
258
259
260
261
262
263
264
265
266
267
268
269
270
271
272
273
274
275
276
277
278
279
280
281
282
283
284
285
286
287
288
289
290
291
292
293
294
295
296
297
298
299
300
301
302
303
304
305
306
307
308
309
310
311
312
313
314
315
316
317
318
319
320
321
322
323
324
325
326
327
328
329
330
331
332
333
334
335
336
337
338
339
340
341
342
343
344
345
346
347
348
349
350
351
352
353
354
355
356
357
358
359
360
361
362
363
364
365
366
367
368
369
370
371
372
373
374
375
376
377
378
379
380
381
382
383
384
385
386
387
388
389
390
391
392
393
394
395
396
397
398
399
400
401
402
403
404
405
406
407
408
409
410
411
412
413
414
415
416
417
418
419
420
421
422
423
424
425
426
427
428
429
430
431
432
433
434
435
436
437
438
439
440
441
442
443
444
445
446
447
448
449
450
451
452
453
454
455
456
457
458
459
460
461
462
463
464
465
466
467
468
469
470
471
472
473
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<rss version="2.0" xmlns:atom="http://www.w3.org/2005/Atom">
<channel>
<title>Anabel Chuinard</title>
<description>Welcome to my personal website!</description>
<link>http://localhost:4000/</link>
<atom:link href="http://localhost:4000/feed.xml" rel="self" type="application/rss+xml"/>
<pubDate>Sun, 23 Feb 2020 19:19:27 -0800</pubDate>
<lastBuildDate>Sun, 23 Feb 2020 19:19:27 -0800</lastBuildDate>
<generator>Jekyll v3.4.3</generator>
<item>
<title>Master of None</title>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">T</span>out le monde dit que Gabriel est un héros. C'est en partie parce que sa vie est très 'instagramable' à savoir que les gens n'en voit que les aspects les plus chouettes. C'est vrai que mon explorateur s'envoie en l'air et aux quatre coins du monde de bon coeur mais c'est rarement pour se la couler douce. Les plannings des productions auxquelles il participe sont toujours ultra chargés et le malheureux ne ramène jamais que des impressions fugaces voire quelques miasmes de ses périlleux tournages. Une collation suspecte en pleine jungle ou une sieste apparement inoffensive sur la banquette d'un quai d'embarquement et le malheureux se voit bien malgré lui repousser les limites de son système immunitaire. Epargnés des selfies en mode Rudolph au lit, nous sommes peu nombreux à nous douter qu'à ce stade Gabriel culmine au niveau 'Animateur de Crèche' sur l'échelle de l'immunité. Son héroïsme reste confidentiel alors qu'en pleine période d'épidémie du coronavirus, Gabriel se rend au Chili. Quoi de plus épique qu'un tournage de Mountain Bike à 3000 m d'altitude lorsqu'on est à l'article de la mort? Il aurait suffi d'un seul malentendu pour qu'il soit mis en quarantaine à l'ambassade de Suisse de Santiago. Il semble que l'incident diplomatique ait été évité puisque je l'ai retrouvé la semaine dernière la mine rayonnante et le nez plus rose d'un trop plein de soleil que d'avoir trop mouché.</p>
<p>J'ai toujours pensé que Gab était destiné à devenir Kung-Fu Master: agilité et coordination, capacité à rester concentré sur l'exercise d'une tâche méticuleuse, aptitude à l'introspection, barbichette hirsute et passion pour les pantalons trop amples. Une vie d'entraînement physique et mental lui aurait surement permise de maîtriser cet art à la perfection. Je l'imagine souvent, projetant son corps sec et agile dans les airs, éxecutant des mouvements précis et gracieux dans la plus parfaite harmonie. Convoquant des aptitudes assez similaires, la profession de pilote de drone est une alternative carrément plus confortable. Consacrant la quasi-totalité de son temps libre à perfectionner l'execution de manoeuvres acrobatiques à la seule force de ses pouces, le grand maître Gabi-San a vu ses pouvoir décupler en quelques mois. Il faut dire que ses talents se combinent à merveille. Le fait qu'il en ait pris conscience et ait décidé d'en exploiter la synergie est remarquable. Il fait maintenant partie du club très select des gens qui vivent de leur passion, et c'est cela que la plupart de nos amis semblent lui envier. J'ai moi même passé beaucoup de temps à organiser ma vie pour rejoindre le club des passionés, sauf que je me suis vite rendue compte que cela n'allait pas le faire étant donnés mes talents décousus. Saviez vous que je fais un excellent tiramisu et que je casse trop la baraque en négociation? Dans quelle situation ses deux talents pourraient ils se combiner à bon escient pour faire de moi un être exceptionnel? Strictement aucune.
</p>
<p>
Faisant une croix sur mon rêve d'intégrer un monastaire Shaolin, j'ai trouvé le salut en remettant en question ma définition du succès. S'il est facile d'identifier et d'honorer un accomplissement majeur dans un domaine précis, on remarque moins l'agilité des personnes qui partagent leurs interêts entre différentes disciplines. Par conséquent, la polyvalence, c'est à dire l'art d'être médiocre en tout, est rarement considéré comme un objectif existentiel. Dans mon travail et dans ma vie en général, je prends beaucoup de plaisir à explorer différents sujets en me donnant des missions variées. Le défis d'exceller dans un domaine très spécifique ne m'a jamais bouleversée. Pas de bol pour moi: le mileu des startups se construit sur un modèle où les accomplissement héroïques sont über-appreciés au détriment de l'interdisciplinarité. Dites bonjour à mon fardeau quotidien! Mes collègues aimeraient bien me ranger dans une boîte mais je passe ma vie à refuser catégoriquement d'y entrer. Ça les surprend! La sphère tech est majoritairement peuplés de kung-fu masters parfaitement adaptés à la vie en boîte. Chez les développeurs, le mono-tasking a son sanctuaire qu'on appelle communément 'la zone'. Le but ultime du dévelopeur moyen est de maximiser son temps dans 'la zone' de façon à atteindre l'état mental nécessaire à l'éxecution de son art. Si tu demandes à un développeur quelle est la chose qui le fait le plus vibrer dans son travail, il te répondra 9 fois sur 10 "le bonheur d'être arrivé à résoudre un putain de bug après avoir passé 4 jours et 4 nuits dans la zone (sur un régime constitué d'Oréos et de GatorALE)". Ce genre de fanatisme m'est étranger.
</p>
<p>
<p>Si toi, comme moi, cher lecteur tu t'épanouis en tant que médiocre touche à tout mais que tu ne serais pas contre un coup de projecteur sur ta face blême de temps à autre, j'espère te consoler avec ce qui suit. La reconnaissance de tes pairs a bien moins de valeur que celle que tu portes à toi-même. Petit "Jack of All Trades" ou grand "Master of None", je sais qu'au fond de toi tu es fier des actions que tu mènes dans leur foultitude et leur diversité. Ta curiosité et ton ouverture sur le monde, ta capacité à en appréhender les multiples facettes sont des qualités précieuses. C'est en tout cas ce que je me dis tous les soirs avant de dormir, juste après avoir swipé vite fait la dernière story insta de mon si talentueux boyfriend.</p>
</p>
</description>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">T</span>out le monde dit que Gabriel est un héros. C'est en partie parce que sa vie est très 'instagramable' à savoir que les gens n'en voit que les aspects les plus chouettes. C'est vrai que mon explorateur s'envoie en l'air et aux quatre coins du monde de bon coeur mais c'est rarement pour se la couler douce. Les plannings des productions auxquelles il participe sont toujours ultra chargés et le malheureux ne ramène jamais que des impressions fugaces voire quelques miasmes de ses périlleux tournages. Une collation suspecte en pleine jungle ou une sieste apparement inoffensive sur la banquette d'un quai d'embarquement et le malheureux se voit bien malgré lui repousser les limites de son système immunitaire. Epargnés des selfies en mode Rudolph au lit, nous sommes peu nombreux à nous douter qu'à ce stade Gabriel culmine au niveau 'Animateur de Crèche' sur l'échelle de l'immunité. Son héroïsme reste confidentiel alors qu'en pleine période d'épidémie du coronavirus, Gabriel se rend au Chili. Quoi de plus épique qu'un tournage de Mountain Bike à 3000 m d'altitude lorsqu'on est à l'article de la mort? Il aurait suffi d'un seul malentendu pour qu'il soit mis en quarantaine à l'ambassade de Suisse de Santiago. Il semble que l'incident diplomatique ait été évité puisque je l'ai retrouvé la semaine dernière la mine rayonnante et le nez plus rose d'un trop plein de soleil que d'avoir trop mouché.</p>
</description>
<pubDate>Sat, 15 Feb 2020 00:00:00 -0800</pubDate>
<link>http://localhost:4000/articles/Travailler/</link>
<guid isPermaLink="true">http://localhost:4000/articles/Travailler/</guid>
<category>articles</category>
</item>
<item>
<title>Screening</title>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">J'</span>ai profité de ce que Gabriel était parti filmer de la poudre chez les mormons, pour entreprendre une abstinence totale de Marvel et DC (bon... j'aime bien les pecs de Jason Momoa, still), et me faire une cure des meilleurs films-qui-portent-une-regard-réflexif-et-souvent-déprimant-sur-notre-civilisation en 2018. Cela m'a permis de voir (écouter!) <i>First Reformed</i>, de Paul Shrader, avec Ethan Hawke, qui est bien plus que mon crush de 1998, et <i>Sorry To Bother You</i>, de Boots Riley, avec LaKeith Stanfield, que j'aurais vraiment aimé connaître en 1998.
</p>
<p>
Si vous ne voulez pas entendre parler de ces films, je vous prie de retourner scroller votre feed. Sinon, restez avec moi, et n'oubliez pas de vous abonner à mon blog, de cliquer sur le pouce bleu en bas à droite et de partager votre liste de contacts, vos mensurations et le montant sur votre compte en banque dans les commentaires. Merci.
</p>
<p>
</p>
<p> <i>First Reformed</i>, c'est l'histoire d'un homme qui s'est séparé de sa femme suite à la mort de leur fils en Afghanistan et qui décide de devenir prêtre dans une petite église de l'État de New York. Alors qu'il apprend qu'il est atteint d'un cancer, on lui demande d'intervenir auprès d'un activiste environnemental bientôt papa, mais si désespréré qu'il refuse la mise au monde d'un gamin sur une planète foutue (tiens, un copain!). On voit difficilement comment faire scénario plus abominable et, pourtant, ce film a illuminé ma soirée. <i>"A life without despair is a life without hope."</i> réplique Ethan Hawke, face au regard noir de cet activiste si jeune et pourtant si grave. L'espoir est ce sentiment magique qui nous pousse hors du lit chaque matin quand le monde autour de nous déraille. Les civilisations humaines sont marquées et mues par l'espoir et la croyance en un futur meilleur. C'est d'ailleurs ce qui en fait des civilisations. Même et surtout dans les situations les plus désespérées, l'homme croit en l'amour, en l'au-delà ou en la beauté du monde. L'esprit brouillé et désillusionés, nous perdons souvent de vue ce en quoi nous avons foi. Certains croient en le pouvoir de l'amour et de la famille. Je ne crois pas particulièrement que donner la vie dans ce monde pourri puisse aider d'une quelconque façon, mais je comprends maintenant un peu mieux ceux qui font ce choix. Par contre, je crois en notre pouvoir de connexion avec la nature. Je suis pas mal sûre, d'ailleurs, que notre civilisation ne tient qu'au fil de ce pouvoir là. Ce film vous remet délicatement et littéralement l'église au milieu du village, et s'il vous faut une raison supplémentaire pour le voir, je précise qu'Ethan Hawke est incroyablement sublime comme martyr en soutane.
</p>
<p></p>
<center>
<p>
<a href="https://cdn.dnaindia.com/sites/default/files/styles/full/public/2018/08/05/714047-sorry-to-bother-you.jpg"><img src="https://cdn.dnaindia.com/sites/default/files/styles/full/public/2018/08/05/714047-sorry-to-bother-you.jpg" title="Sorry To Bother You" /></a>
</p>
</center>
<p><i>Sorry To Bother You</i>, est une dystopie surréaliste qui dépeint avec sarcasme les travers de notre société capitaliste. Le film raconte l'histoire d'un Afro-américain qui se fait engager dans un call-center et qui rapidement gravit les échelons lorsqu'il découvre qu'adopter la voix d'un homme blanc au téléphone (vraiment doublée par un acteur blanc dans le film) lui permet de conclure beaucoup plus de deals. L'intrigue prend place dans un contexte où la société est soumise au joug de corporations, contrôlées par des hommes blancs, et où la précarité du travail est devenue si banale qu'on fait publicité de l'esclavage à la télé. Au-delà du fait qu'il est particulièrement cynique et déjanté, j'ai apprécié ce film qui m'a fait réfléchir sur la position à adopter en tant que privilégiée. En ce moment, je bosse pour une startup dont l'objectif est d'augmenter le nombre d'embauches de qualité dans le secteur très précaire du travail payé à l'heure. Grosso modo, mon (ma!) job consiste à développer un algorithme pour prédire la rentabilité d'un candidat basé sur son profil. Avec notre solution, nos clients dépenseront moins d'argent pour former des individus qui se revèleront peu performants ou qui quitterons le job. Autant je pense que le profiling est efficace pour "screener" quelqu'un à l'embauche (et aussi pour limiter certains biais des recruteurs... encore qu'une intelligence artificielle peut, elle aussi, devenir biaisée sans qu'on s'en rende toujours compte), autant il me semble que la performance d'un employé, en particulier dans les secteurs qui rémunérent à l'heure, dépend avant tout des conditions de travail. Vous avez beau recruter les meilleurs travailleurs du monde, si vous n'êtes pas capable de créer une dynamique saine et des conditions propres à l'épanouissement de vos employés, vous êtes fichu. Je tente subtilement d'orienter le projet dans la bonne direction, mais ma posture reste assez inconfortable. Mes collaboratrices et nos clients, comme anesthésiés par la perspective du magot, ont parfois tendance à considérer les employés peu qualifiés comme des outils. Le processus de déshumanisation des travailleurs est un symptôme déplorable chez les capitalistes stade avancé. Entre fuir cette épidémie ou faire des globules blancs, je suis partagée. Je devrais choisir mon camp d'ici la fin de mon contrat en avril. Peut-être que, d'ici là, une grande multinationale présentera un nouveau spécimen d'humains génétiquement modifiés capables de remplacer les travailleurs horaires, ou, comme c'est le cas dans <i> Sorry To Bother You</i>, une armée d'"équisapiens" musclés mégalophalliques. Nous serions alors toutes gentiment "remerciées"...
</p>
<p></p>
<p> Faqueeeee... je vous recommande chaleureusement ces deux films. Et si ça vous tente pas de vous remettre en question, vous pouvez toujours vous rabattre sur <i>Spider Man: Into the Spider Verse</i>. Ce film là est un trip d'animation incroyable! Merci de me lire et désolée du dérangement.
</p>
</description>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">J'</span>ai profité de ce que Gabriel était parti filmer de la poudre chez les mormons, pour entreprendre une abstinence totale de Marvel et DC (bon... j'aime bien les pecs de Jason Momoa, still), et me faire une cure des meilleurs films-qui-portent-une-regard-réflexif-et-souvent-déprimant-sur-notre-civilisation en 2018. Cela m'a permis de voir (écouter!) <i>First Reformed</i>, de Paul Shrader, avec Ethan Hawke, qui est bien plus que mon crush de 1998, et <i>Sorry To Bother You</i>, de Boots Riley, avec LaKeith Stanfield, que j'aurais vraiment aimé connaître en 1998.
</p>
<p>
Si vous ne voulez pas entendre parler de ces films, je vous prie de retourner scroller votre feed. Sinon, restez avec moi, et n'oubliez pas de vous abonner à mon blog, de cliquer sur le pouce bleu en bas à droite et de partager votre liste de contacts, vos mensurations et le montant sur votre compte en banque dans les commentaires. Merci.
</p>
<p>
</p>
</description>
<pubDate>Sat, 23 Feb 2019 00:00:00 -0800</pubDate>
<link>http://localhost:4000/articles/Screening/</link>
<guid isPermaLink="true">http://localhost:4000/articles/Screening/</guid>
<category>articles</category>
</item>
<item>
<title>Orange Amère</title>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">J</span>'ai récemment lu le bouquin de Mark Manson "The Subtle Art of Not Giving a F*ck". Je l'ai acheté par dépit après qu'on m'ait recommandé, pour mon endoctrinement personnel, de lire "How to Win Friends and Influence People", le Mein Kampf du savoir-vivre intéressé (sauf que, contrairement au manifeste d'Hitler, les gens n'ont aucun scrupule à lire cette abjection dans le métro). Anyway, j'ai lu Mark Manson, qui n'est pas plus un psychologue que Dale Carnegie, mais qui, au moins, à le mérite de faire preuve de bienveillance.
</p>
<p>
J'ai beaucoup de peine à faire thérapie de mes lectures. Mon cerveau est un peu comme du sable cinétique: facile d'y faconner des idées monumentales, mais rien de plus qu'un désert blême après quelques jours. Tout ce qui n'est pas écrit ou verbalisé est perdu à jamais, envolé dans le vent relatif qui se créé, plutôt mal que bon gré, entre mes deux oreilles. Mais de ce livre plein de bon sens, il me reste encore quelques beaux restes. Je me les inocule grain par grain chaque jour comme un vaccin de rappel contre les oreillons.
</p>
<p>
C'est serieux les oreillons. Ça peut rendre les petits garçons stériles. La maladie dont Mark parle dans son bouquin, vous rend stérile à un autre égard. Les personnes infectées deviennent incapables de procréer leur bonheur.
</p>
<p> (S'il y a une chose que j'ai apprise durant mes interminables études, c'est que nos déboires, nos concessions et nos échecs sont le placenta de notre meilleur moi. Depuis qu'on a l'âge de processer Le Roi Lion, on nous bassine que l'histoire de la vie c'est trop frais. Sauf que, manque de moule, la vie ce n'est pas du tout qu'un gros fruit sucré et juteux -ou alors, c'est un maudit durian!-. Il y a toujours la masse de pépins et des vieilles peaux amères à se fader. Mais ces quelques bouchées moisies mettent les saveurs en perspective!)
</p>
<p>
Tous ça pour dire que y'en a marre du positivisme comme parole d'évangile. En Amérique du Nord, c'est une pandémie! Il courent tous comme des zombies après leurs idéaux. C'est à qui sera le plus bandant à twerker sa Prius, qui aura l'air la plus épanouie dans ses Yoga pants au Costa Rica, qui arrosera ses 31 piges avec le plus de larons et qui bombardera le plus de monde avec ces photos de bébé (dont on est toujours obligé de dire qu'il est trop mignon sinon... guillotine!). Le monde galope après sa promesse de bonheur en sucre, comme si le fait de faker le bonheur y donnait accès. En revanche, on passe sur les vraies peines et les échecs. Rayés du CV. Pas question de se lamenter sous peine d'être categorisé d'office comme l'élément toxique de la bande. Mort aux loosers! À bas les mélancholiques!
</p>
<center>
<p>
<a href="https://awesomestufftobuy.com/wp-content/uploads/2017/12/the-subtle-art-of-not-giving-a-fck-2.jpg"><img src="https://awesomestufftobuy.com/wp-content/uploads/2017/12/the-subtle-art-of-not-giving-a-fck-2.jpg" title="Mark Manson's book" /></a>
</p>
</center>
<p>
Alors, on reste scotché à nos smartphones dans l'attente que nos faits et gestes soient scrutés par nos pairs (qui, il faut bien le dire, s'en câlissent pas mal de tous nos trémoussages). Notre famille, par contre, aurait certainement besoin que nous soyions un peu plus attentifs. On se fait croire que notre réussite se mesure à la longueur de notre liste d'amis sur Facebook, alors que nos vrais amis, aka ceux qui comptent, n'ont pas entendu de nos nouvelles depuis des mois! On se console avec Netflix en se faisant conter des histoires de vies que nous n'avons jamais eu l'audace de rêver, mais dans le fond, tout sonne un peu creux et, comme dirait ma soeur: "Y'a des chances que ça finisse en PLS!". La mauvaise nouvelle c'est qu'on est tous plus ou moins insignifiants et condamnés à vivre des moments merdiques. La bonne nouvelle, c'est que la banalité n'est pas une maladie, et qu'on peut vivre très heureux avec.
</p>
<p>
On se balade en vélo à Kits Beach et mes Yoga pants Winners moulent ma cellulite. C'est râté pour la Vancouver touch. Gabriel déteste les leggins mais il me trouve jolie. Il a des peaux d'orange dans les yeux. Merci Mark Manson d'avoir ouvert les miens. J'ai embrassé mon existence toute croche et je me sens invincible. Je recommande. La vie est belle même quand ça pique, même quand ça pue. Mais sérieux le durian, ça pue vraiment.
</p>
</description>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">J</span>'ai récemment lu le bouquin de Mark Manson "The Subtle Art of Not Giving a F*ck". Je l'ai acheté par dépit après qu'on m'ait recommandé, pour mon endoctrinement personnel, de lire "How to Win Friends and Influence People", le Mein Kampf du savoir-vivre intéressé (sauf que, contrairement au manifeste d'Hitler, les gens n'ont aucun scrupule à lire cette abjection dans le métro). Anyway, j'ai lu Mark Manson, qui n'est pas plus un psychologue que Dale Carnegie, mais qui, au moins, à le mérite de faire preuve de bienveillance.
</p>
<p>
J'ai beaucoup de peine à faire thérapie de mes lectures. Mon cerveau est un peu comme du sable cinétique: facile d'y faconner des idées monumentales, mais rien de plus qu'un désert blême après quelques jours. Tout ce qui n'est pas écrit ou verbalisé est perdu à jamais, envolé dans le vent relatif qui se créé, plutôt mal que bon gré, entre mes deux oreilles. Mais de ce livre plein de bon sens, il me reste encore quelques beaux restes. Je me les inocule grain par grain chaque jour comme un vaccin de rappel contre les oreillons.
</p>
<p>
C'est serieux les oreillons. Ça peut rendre les petits garçons stériles. La maladie dont Mark parle dans son bouquin, vous rend stérile à un autre égard. Les personnes infectées deviennent incapables de procréer leur bonheur.
</p>
<p> (S'il y a une chose que j'ai apprise durant mes interminables études, c'est que nos déboires, nos concessions et nos échecs sont le placenta de notre meilleur moi. Depuis qu'on a l'âge de processer Le Roi Lion, on nous bassine que l'histoire de la vie c'est trop frais. Sauf que, manque de moule, la vie ce n'est pas du tout qu'un gros fruit sucré et juteux -ou alors, c'est un maudit durian!-. Il y a toujours la masse de pépins et des vieilles peaux amères à se fader. Mais ces quelques bouchées moisies mettent les saveurs en perspective!)
</p>
<p>
Tous ça pour dire que y'en a marre du positivisme comme parole d'évangile. En Amérique du Nord, c'est une pandémie! Il courent tous comme des zombies après leurs idéaux. C'est à qui sera le plus bandant à twerker sa Prius, qui aura l'air la plus épanouie dans ses Yoga pants au Costa Rica, qui arrosera ses 31 piges avec le plus de larons et qui bombardera le plus de monde avec ces photos de bébé (dont on est toujours obligé de dire qu'il est trop mignon sinon... guillotine!). Le monde galope après sa promesse de bonheur en sucre, comme si le fait de faker le bonheur y donnait accès. En revanche, on passe sur les vraies peines et les échecs. Rayés du CV. Pas question de se lamenter sous peine d'être categorisé d'office comme l'élément toxique de la bande. Mort aux loosers! À bas les mélancholiques!
</p>
</description>
<pubDate>Tue, 15 Jan 2019 00:00:00 -0800</pubDate>
<link>http://localhost:4000/articles/orange-amere/</link>
<guid isPermaLink="true">http://localhost:4000/articles/orange-amere/</guid>
<category>articles</category>
</item>
<item>
<title>Y-a-t-il un docteur dans la salle?</title>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">I</span>l y a quelques semaines, j'ai reçu un courriel de l'université me félicitant pour ma graduation et m'invitant à m'inscrire pour la remise des diplômes le mois prochain. Cela fait bientôt quatre mois que j'ai soumis ma thèse et six que je vis sur mes derniers deniers. J'ai beau essayer fort, je n'arrive pas tirer de mon expérience de doctorat autre chose qu'un sentiment de soulagement. Je suis ravie des effets collatéraux que l'expérience a engendrés. Je suis extrêmement contente d'être en recherche d'emploi dans cette ville bouillante d'opportunités qu'est Montréal. Je suis tout aussi heureuse que Gabriel y ait trouvé son compte. L'idée de célébrer mon titre à coup de toge à fourrure et de chapeau grotesque à 50$ ne m'embale, en revanche, pas du tout.
</p>
<p>
Ces derniers mois ont été mes plus heureux depuis mon entrée à l'université. Au cours de mon doctorat, j'ai assez rapidement mis de côté l'idée d'entreprendre une carrière académique: trop fastidieuse, trop précaire mais surtout trop spécifique. Cet été, je me suis donnée la possibilité de m'inventer, ou tout du moins de me réinventer. Je n'avais pas ressenti la douce euphorie d'être face à une infinité d'opportunités depuis bien longtemps. Je me sentais sereine, consciente de mes exigences et plus déterminée que jamais à trouver chaussure à mon pied.
</p>
<p>Je suis partie du principe que j'avais envie de changer le monde. C'est un objectif ambitieux mais pas inaccessible. Au cours des derniers mois, j'ai pris part à plusieurs initiatives volontaires. J'ai rencontré plus de personnes que durant tout mon doctorat. J'ai été éblouie par la vitalité de ces gens, par leur capacité à donner de leur temps et de leur personne pour le bien commun. Parfois ils étaient là pour se racheter une once d'humanité, mais le plus souvent c'était parce qu'ils se sentaient investis d'une mission. Je me suis dit que le sens de ma vie était à portée de pioche. Je tenais le bon filon.
</p>
<p>En septembre, j'ai rejoins une équipe de volontaires pour travailler sur un projet d'innovation en finance. Cela peut paraître osé de s'embarquer dans un projet de cette trempe avec un bagage en économie niveau lycée. Pourtant, j'avais le sentiment que l'idée formulée était parmi les seules de la compétition à inclure une solution vraiment impactante pour la transition écologique. A présent que notre équipe est sélectionnée pour la finale, je ne regrette pas d'avoir suivi mon instinct. J'ai appris énormément de cette expérience, en particulier sur moi-même.
</p>
<p>
Beaucoup de jeunes docteurs passent par un période de questionnement profond après avoir rendu leur thèse. Nous sommes extrêmement mal outillés pour aborder cette période. Nous ne savons pas bien vendre nos compétences. Nous venons d'un milieu où les exigences sont si extrêmes (parfois même de façon déraisonnable) que naturellement nous sous-évaluons nos compétences. Nous n'avons même plus conscience de nos qualités tant nos standards sont élevés. Nous n'avons d'ailleurs pas non plus conscience de nos défauts. Si nous ne sommes pas capables d'évaluer notre vraie valeur, comment un employeur potentiel pourrait-il se faire de nous une idée claire?
</p>
<p>
Mes expériences de ces derniers mois m'ont ouvert les yeux et j'ai pu entrevoir l'ensemble des cordes que j'avais à mon arc ainsi que les points sur lesquels je devais travailler d'avantage. Je reste confiante que mes efforts seront récompensés tôt ou tard.
</p>
<h3>Ce pour quoi nous excellons</h3>
<p>
Beaucoup de docteurs perdent du temps et font le choix d'accepter un(e) job alimentaire parce qu'ils n'ont pas conscience de leur propre valeur et/ou ne savent pas comment la mettre en avant. Cela à pour conséquence de donner mauvaise réputation à l'ensemble de la communauté: trop spécialisée, trop exigeante, inadaptée, pas assez flexible! J'ai donc décidé de d'énumerer quelques uns de nos précieux atouts. J'espère ainsi prouver qu'inclure un docteur dans son équipe est une excellente stratégie. Puisse-je en inspirer d'autres consoeurs et confrères pour leur prochain CV.
</p>
<ul>
<h4> Efficacité.</h4> C'est une des choses qui m'a frappée le plus dans mes collaborations récentes. En tant que docteurs en science, nous sommes sans arrêt confrontés à des deadlines, avons l'habitude de fournir beaucoup d'efforts sur des travaux le plus souvent complexes et nécessitant de collaborer étroitement avec d'autres. Nous sommes capables de cerner rapidement les objectifs à réaliser, nous en appréhendons les contraintes et établissons nos plans d'action en fonction des priorités. Beaucoup de gens ont tendance à s'éparpiller. Ils partent dans tous les sens et finissent souvent par se perdre. Pas nous. Nous savons répondre aux problématiques de façon adéquate et allons souvent droit au but.
<h4> Flexibilité dans le travail.</h4> Les chercheurs font très souvent partie d'une équipe internationale et maitrisent la collaboration à distance. Etre à l'aise pour communiquer et s'entraider via divers canaux: chat, plateforme de developpement agile ou Google Drive, c'est pour nous une habitude. Bon nombre de personnes que j'ai rencontrées sont loin d'être à l'aise pour communiquer et collaborer à l'aide de ces outils modernes. Pourtant, à l'heure d'aujourd'hui, ce genre de plateformes qui permettent de garder trace des développements sont de plus en plus utilisées. En cela, nous avons un avantage d'adaptabilité certain.
<h4> Capacité d'apprentissage et de prise de recul.</h4> En physique, nous construisons nos connaissances sur la base de modèles que nous prenons pour référence. Nous sommes entraînés à contempler les systèmes dans leur globalité ou comme la partie d'un tout. Nous évaluons les similitudes entre différents systèmes à différentes échelles. Ce jonglage constant fait de nous des ninjas du problem-solving. Nos intuitions sont souvent justes et nous avons un sens affuté de ce qui est essentiel et de ce que l'on peut négliger. C'est une flexibilité cérébrale, il me semble, plutôt précieuse. En m'investissant dans ce projet d'innovation en finance, j'ai été assez surprise de voir que, même sans background préalable, j'étais en mesure de comprendre les challenges principaux et de concevoir le potentiel sur le long terme de la mise en place de notre outil. À aucun moment je n'ai ressenti ce lourd complexe de l'imposteur qui me collait à la peau durant mon doctorat.
</ul>
<h3>Ce sur quoi j'ai dû travailler</h3>
<ul>
<h4> Diplomatie.</h4> Accoutumée au rythme soutenu et au productivisme du milieu de la recherche académique, j'ai été plutôt frustrée de devoir collaborer avec des personnes moins rationnelles que moi. J'ai souvent trouvé que les choses partaient dans des directions farfelues. Plusieurs fois, j'ai eu l'impression de perdre mon temps. J'ai rarement su faire preuve de tact, et n'ai que tardivement été capable d'engager une discussion apaisée pour que le flot de travail se réoriente dans la bonne direction. Pour faciliter la collaboration avec des personnes possédant des tempéraments différents, j'ai dû apprendre à gérer mes émotions et anticiper celles des autres. D'une façon générale quand on commence un nouvel emploi, s'assurer qu'une personne d'expérience est assignée à la gestion des projets et à la répartition des tâches peut vraiment contribuer à limiter le genre de frustrations que j'ai vécues.
<h4> Authenticité. </h4> Sortie de 6 ans de "pretending-to-be", il m'est assez difficile de déclarer qui je suis, ce que veux vraiment et d'énoncer clairement mes objectifs. Pourtant, à l'embauche, l'authenticité peut faire tout une différence. Depuis que j'ai compris ça, j'essaie d'être le plus claire possible sur mes interêts pour que tout le monde soit au fait des choses, quitte à passer pour une originale. Dans ma recherche d'emploi, j'essaie d'identifier les équipes au sein desquelles l'écoute est privilégiée et où la diversité est visible.
<h4> Lâcher-prise.</h4> Je trouve parfois difficile de devoir abandonner une tâche à d'autres si j'ai l'impression que je peux la faire moi-même, mieux. J'ai donc dû apprendre à laisser faire les collègues même si leur solution ne correspond pas à mon idéal de réussite. Je vous avoue que j'ai de la peine à ne pas trasher un projet si j'ai des raisons de croire que j'aurais été meilleure. C'est partiellement dû à une déformation professionelle mais aussi à mon penchant naturel à vouloir diriger le navire. Consciente de mon tempérament, je m'oriente vers des postes qui m'assurent une certaine liberté d'action.
</ul>
<p>
Il est important d'avoir conscience de ce que l'on est vraiment lorsque vient le temps de chercher un emploi. J'espère que ces quelques remarques sauront aiguiller celles et ceux qui se cherchent et qui cherchent un job. Les challenges qui s'offrent à nous sont très souvent passionnants. Nous devons nous penser à la hauteur de ce dont nous rêvons.
</p>
</description>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">I</span>l y a quelques semaines, j'ai reçu un courriel de l'université me félicitant pour ma graduation et m'invitant à m'inscrire pour la remise des diplômes le mois prochain. Cela fait bientôt quatre mois que j'ai soumis ma thèse et six que je vis sur mes derniers deniers. J'ai beau essayer fort, je n'arrive pas tirer de mon expérience de doctorat autre chose qu'un sentiment de soulagement. Je suis ravie des effets collatéraux que l'expérience a engendrés. Je suis extrêmement contente d'être en recherche d'emploi dans cette ville bouillante d'opportunités qu'est Montréal. Je suis tout aussi heureuse que Gabriel y ait trouvé son compte. L'idée de célébrer mon titre à coup de toge à fourrure et de chapeau grotesque à 50$ ne m'embale, en revanche, pas du tout.
</p>
</description>
<pubDate>Fri, 26 Oct 2018 00:00:00 -0700</pubDate>
<link>http://localhost:4000/articles/docteur/</link>
<guid isPermaLink="true">http://localhost:4000/articles/docteur/</guid>
<category>articles</category>
</item>
<item>
<title>Déterminisme?</title>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">J</span>e ne suis décidément pas un animal politique. Il est bien rare que j'ai la réaction adéquate lorsque quelqu'un dans mon entourage colporte une fausse nouvelle ou défend une idée grotesque. Faut dire que j'ai appris à ranger mon poing rageur dans ma poche, lassée d'être qualifiée de Madame "je sais tout". Toutefois, je reste toujours triste de ne pas réussir à communiquer avec celles et ceux dont le fil de pensée se perd dans les limbes des "Vous n'allez pas croire que...", des "Toute la vérité sur..." et autres "Une enquête secrète prouve...". Je suis triste aussi de me trouver sans ressort face à toutes ces espèces d'obscurantisme qui gangrènent nos sociétés. Tentant d'améliorer ma stratégie de communication et au prix de gros efforts de self-control, j'ai parfois réussi à engager certains dialogues. J'en suis sortie ponctuellement avec la satisfaction d'avoir avancé, la plupart du temps, déprimée et carrément épuisée.
</p>
<p>
L'aplomb avec lequel certains humains énoncent des énormités me subjugue. Les anti-vaccins, Betsy Devos ou les climatosceptiques me semble être des aliens. J'en suis venue à me demander s'il n'existerait pas quelque prédisposition biologique, ou bien des phénomènes épigénétiques qui justifieraient leur addiction à la poudre de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=rCK-7Hki4II">perlimpinpin</a>. Est-ce qu'en analysant la structure cérébrale de l'humain on pourrait comprendre pourquoi certains d'entre nous se contentent de croyances pour bâtir leur opinion alors que d'autres ne jurent que par les faits?
</p>
<p>
En 2011, en analysant les cerveaux de 90 étudiants grâce à l'imagerie par résonance magnétique, des chercheurs-neurologues londoniens ont mis en évidence une corrélation positive entre une vision politique conservatrice et la taille de l'amygdale, la zone cérébrale chargée de la gestion de la mémoire et des émotions (Consultez l'article <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0960982211002892">ici</a>). Les mêmes chercheurs ont aussi montré que les étudiants plus libéraux possédaient d'avantage de matière grise au niveau du cortex cingulaire antérieur, la partie du cerveau associée à la gestion de l'incertitude et des informations conflictuelles. Cette étude est en accord avec <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0896627301002252">une précédente</a> qui avait établi un lien entre la taille du cortex cingulaire antérieur et les capacités de tolérance à l'incertitude, justifiant ainsi pourquoi les individus ayant un cortex cingulaire antérieur plus développé adoptaient majoritairement des points de vue progressistes.</p>
<center>
<a href="https://imgflip.com/i/2hxu75"><img src="https://i.imgflip.com/2hxu75.jpg" title="made at imgflip.com" /></a>
</center>
<p>
Ces études pionnières ont été réalisées sur une petit nombre d'individus (un IRM est, à ce qu'il parait, long et très déplaisant) et il reste donc encore beaucoup d'efforts à fournir pour déterminer l'impact significatif de critères biologiques sur nos convictions. Ce que je trouve intéressant en revanche c'est l'idée que certains être vivants, comme les humains, mais pourquoi pas aussi les <a href="https://www.youtube.com/watch?v=C5RiHTSXK2A">éléphants</a>, aient développé un support cérébral propice à la construction de croyances. Plusieurs experts se sont penchés sur cette question dont le fameux et controversé Richard Dawkins, mais aussi le philosophe <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Dennett"> Daniel Dennett</a>. Selon eux, l'esprit humain est le résultat d'un certain nombre de mécanismes cérébraux engendrés par la nécessité de survivre à un environnement hostile. Parmi les mécanismes en jeu, on trouve le fait d'interpréter certains stimuli comme une potentielle menace, l'intuition naturelle que nous avons à agir moralement, la façon dont nous gérons notre mémoire, et notre appêtit prononcé pour les histoires. L'articulation de ces mécanismes pourrait alors conduire notre cerveau à formuler une pensée de dimension spirituelle, se passant bien de tout rationalisme. Si leurs raisonnement s'avère correct, il n'est pas impossible que notre propension à croire soit fonction de notre configuration cérébrale. </p>
<p>
Les civilisations humaines se fondent sur des mythes et se maintiennent, en tout cas partiellement, par le biais de croyances collectives. Nous avons besoin de croire non seulement parce que vivre dans l'inconnu est inconfortable, mais aussi car c'est ainsi que le savoir collectif se construit. C'est le fameux concept de la boîte noire qui consiste à bâtir le savoir sur la base d'un ensemble de connaissances que l'on ne pourra pas vérifier soi-même mais que l'on prend pour acquis pour gagner du temps. Le risque c'est qu'au bout d'un moment, on oublie de remettre en question ce qu'on a mis dans la boîte, prenant certains postulats erronés ou périmés pour des vérités immuables. Ces derniers temps, quelques déchirures sont apparues à notre boîte noire étiquetée "croissance du capital". Je me demande combien de temps encore elle va tenir...</p>
</description>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">J</span>e ne suis décidément pas un animal politique. Il est bien rare que j'ai la réaction adéquate lorsque quelqu'un dans mon entourage colporte une fausse nouvelle ou défend une idée grotesque. Faut dire que j'ai appris à ranger mon poing rageur dans ma poche, lassée d'être qualifiée de Madame "je sais tout". Toutefois, je reste toujours triste de ne pas réussir à communiquer avec celles et ceux dont le fil de pensée se perd dans les limbes des "Vous n'allez pas croire que...", des "Toute la vérité sur..." et autres "Une enquête secrète prouve...". Je suis triste aussi de me trouver sans ressort face à toutes ces espèces d'obscurantisme qui gangrènent nos sociétés. Tentant d'améliorer ma stratégie de communication et au prix de gros efforts de self-control, j'ai parfois réussi à engager certains dialogues. J'en suis sortie ponctuellement avec la satisfaction d'avoir avancé, la plupart du temps, déprimée et carrément épuisée.
</p>
<p>
L'aplomb avec lequel certains humains énoncent des énormités me subjugue. Les anti-vaccins, Betsy Devos ou les climatosceptiques me semble être des aliens. J'en suis venue à me demander s'il n'existerait pas quelque prédisposition biologique, ou bien des phénomènes épigénétiques qui justifieraient leur addiction à la poudre de <a href="https://www.youtube.com/watch?v=rCK-7Hki4II">perlimpinpin</a>. Est-ce qu'en analysant la structure cérébrale de l'humain on pourrait comprendre pourquoi certains d'entre nous se contentent de croyances pour bâtir leur opinion alors que d'autres ne jurent que par les faits?
</p>
<p>
En 2011, en analysant les cerveaux de 90 étudiants grâce à l'imagerie par résonance magnétique, des chercheurs-neurologues londoniens ont mis en évidence une corrélation positive entre une vision politique conservatrice et la taille de l'amygdale, la zone cérébrale chargée de la gestion de la mémoire et des émotions (Consultez l'article <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0960982211002892">ici</a>). Les mêmes chercheurs ont aussi montré que les étudiants plus libéraux possédaient d'avantage de matière grise au niveau du cortex cingulaire antérieur, la partie du cerveau associée à la gestion de l'incertitude et des informations conflictuelles. Cette étude est en accord avec <a href="https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0896627301002252">une précédente</a> qui avait établi un lien entre la taille du cortex cingulaire antérieur et les capacités de tolérance à l'incertitude, justifiant ainsi pourquoi les individus ayant un cortex cingulaire antérieur plus développé adoptaient majoritairement des points de vue progressistes.</p>
<center>
<a href="https://imgflip.com/i/2hxu75"><img src="https://i.imgflip.com/2hxu75.jpg" title="made at imgflip.com" /></a>
</center>
<p>
</p>
</description>
<pubDate>Thu, 13 Sep 2018 00:00:00 -0700</pubDate>
<link>http://localhost:4000/articles/determinisme/</link>
<guid isPermaLink="true">http://localhost:4000/articles/determinisme/</guid>
<category>articles</category>
</item>
<item>
<title>Nothing Else Matters</title>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">A</span>près dix jours de déluge, la chance nous sourie enfin. Il ferait beau mais le soleil s'est couché. La famille a une sorte d'hacienda moderne sur les hauteurs de Waimea. Le ciel à cette drôle de couleur "violet d'orage". Les geckos lézardent sur les murs de chaux. Ça sent la crevette et les cacahuètes grillées.</p>
<p> J'observe les bambins basanés qui chahutent dans le jardin encore brillant de la pluie récente. Quelques quincas en mode West Coast rient fort et s'embrassent autour du brasero. Dans la maison, je croise deux surfeuses tatouées et une vieille liftée perchée sur des louboutins en toile de jute. Elles saluent la mère de famille et vont prendre place au salon. Au dessus de la scène improvisée, une affiche géante des années cinquante vante les saveurs du cognac Tacquet. C'est pour le style parce qu'ici tout le monde boit californien. Les propriétaires ont l'air d'avoir un faible pour la vie de bohême, tout en étant bien trop riches pour se la permettre.
</p>
<p>Gabriel fait le soundcheck avec Keoni qui lui a prêté sa meilleure guitare. Dans le salon, une cheminée sans charme sert à ranger des magazines et une biographie d'Obama. Qui donc se sert d'une cheminée à Hawaï? Deux lampes-ananas ultra kitchs éclairent le coin de la pièce d'une lumière un peu blafarde. La pendule en pâte à sel en forme de crabe indique 19h55. Tout le monde n'est pas encore arrivé. Ambiance semi-awkward. On célèbre les dix ans de la mort d'un des fils. Il etait pompier. L'autre fils a fabriqué une chaise-à-bascule hommage. Du travail d'orfèvre. La qualité du bois et la découpe art-déco sont exceptionnelles. Elle est si belle que personne n'ose s'asseoir dessus. Les enfants hésitent. J'espère en secret que l'un d'entre eux y grimpe, mais la vieille liftée veille au grain.</p>
<p>On m'ignore, mais je fais pas d'effort. Keoni chante vraiment bien. Il joue un peu de la musique de merde, genre pop guimauve pour préados. C'est ce qu'on lui commande tout le temps. Ça, et les standards hawaïens. Ça à l'air de le gaver mais faut bien payer le loyer. 2000 balles pour un 4 pièces et demi à Kona, c'est loin des standards montréalais. Mine de rien, avec Gab en accompagnement, les bouses d'Ed Sheeran passeraient presque pour du Clapton. Je suis maquée avec un dieu.</p>
<p>C'est l'heure de la chanson hommage. Le pompier était fan de Metallica. La mère a les yeux qui brillent. Elle a bu un peu trop de vin. Elle lève les bras au ciel. Avec sa chevelure bouclée et sa longue robe en lin, on dirait une déesse grecque, elle aussi.
</p>
</description>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">A</span>près dix jours de déluge, la chance nous sourie enfin. Il ferait beau mais le soleil s'est couché. La famille a une sorte d'hacienda moderne sur les hauteurs de Waimea. Le ciel à cette drôle de couleur "violet d'orage". Les geckos lézardent sur les murs de chaux. Ça sent la crevette et les cacahuètes grillées.</p>
<p> J'observe les bambins basanés qui chahutent dans le jardin encore brillant de la pluie récente. Quelques quincas en mode West Coast rient fort et s'embrassent autour du brasero. Dans la maison, je croise deux surfeuses tatouées et une vieille liftée perchée sur des louboutins en toile de jute. Elles saluent la mère de famille et vont prendre place au salon. Au dessus de la scène improvisée, une affiche géante des années cinquante vante les saveurs du cognac Tacquet. C'est pour le style parce qu'ici tout le monde boit californien. Les propriétaires ont l'air d'avoir un faible pour la vie de bohême, tout en étant bien trop riches pour se la permettre.
</p>
<p>Gabriel fait le soundcheck avec Keoni qui lui a prêté sa meilleure guitare. Dans le salon, une cheminée sans charme sert à ranger des magazines et une biographie d'Obama. Qui donc se sert d'une cheminée à Hawaï? Deux lampes-ananas ultra kitchs éclairent le coin de la pièce d'une lumière un peu blafarde. La pendule en pâte à sel en forme de crabe indique 19h55. Tout le monde n'est pas encore arrivé. Ambiance semi-awkward. On célèbre les dix ans de la mort d'un des fils. Il etait pompier. L'autre fils a fabriqué une chaise-à-bascule hommage. Du travail d'orfèvre. La qualité du bois et la découpe art-déco sont exceptionnelles. Elle est si belle que personne n'ose s'asseoir dessus. Les enfants hésitent. J'espère en secret que l'un d'entre eux y grimpe, mais la vieille liftée veille au grain.</p>
<p>On m'ignore, mais je fais pas d'effort. Keoni chante vraiment bien. Il joue un peu de la musique de merde, genre pop guimauve pour préados. C'est ce qu'on lui commande tout le temps. Ça, et les standards hawaïens. Ça à l'air de le gaver mais faut bien payer le loyer. 2000 balles pour un 4 pièces et demi à Kona, c'est loin des standards montréalais. Mine de rien, avec Gab en accompagnement, les bouses d'Ed Sheeran passeraient presque pour du Clapton. Je suis maquée avec un dieu.</p>
<p>C'est l'heure de la chanson hommage. Le pompier était fan de Metallica. La mère a les yeux qui brillent. Elle a bu un peu trop de vin. Elle lève les bras au ciel. Avec sa chevelure bouclée et sa longue robe en lin, on dirait une déesse grecque, elle aussi.
</p>
</description>
<pubDate>Sun, 15 Apr 2018 00:00:00 -0700</pubDate>
<link>http://localhost:4000/articles/Waimea/</link>
<guid isPermaLink="true">http://localhost:4000/articles/Waimea/</guid>
<category>articles</category>
</item>
<item>
<title>Impact Parameters</title>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">O</span>ne of the fundamental things you learn as a physicist is that not everything matters. Interactions depend on the magnitude of the typical quantities driving the physics behind them. The magnitudes of forces, times, distances and energies involved in physical systems determine how one should approach and model nature. Considering, for instance, that the ground is flat is a perfectly valid hypothesis if you are a civil engineer hired to build a house with a floor at level. We know however that the earth is round and the ground is far from being flat, but the curvature of our planet can be neglected at the scale of the plot you are building the house on.
</p>
<p>Those principles extend to almost all fields we know. Microeconomics, which studies the economical interactions of individuals and firms, and macroeconomics, which considers the same type of interactions but at the scale of a country or a region, are for instance driven by very different mathematical models. Climate and weather are another example. Although we know that green gases in the atmosphere are responsible for the global rise in temperatures on Earth, predicting the temperature in Montreal tomorrow is another story. Quite often, the interplay between a large-scale behavior and small-scale effects is very complicated to understand and to model.
</p>
<p>
We often build our judgment on phenomena based on the context we live in, which explains why people in North America become more skeptical about 'global warming' during gnarly winters. Sometimes, the scale bias causes us to adopt useless or even counterproductive behaviors. This is particularly true when it comes to considering our environmental footprint. Listening to the news, many things we are encouraged to do in order to save the planet turn out having very little impact at the end of the day. On the other hands, there are less obvious ideas that very few talk about, which I believe can be game-changers if implemented at large scales. </p>
<p>
I listed those that appeared to be the most relevant in terms of impact. The metrics that quantify such impact of course depends on a number of parameters, and to simplify, I considered the case of a couple of millennials leaving in a developed country, which corresponds to the majority of my readership.
</p>
<p class="intro"> 1. Rethink the concept of family</p>
<p>
A study from 2017 in the journal <a href="http://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/aa7541">Environmental Research Letters</a> showed that having one less kid had 20 times more impact on your global footprint than living car free. Although the desire to have a natural child is quite often irrational, the decision to build a family is most of the time thought ahead of time. Being able to welcome and raise a child is quite, if not the most, interesting challenge to take in life. What if the kid was already born?
Earth is overpopulated. We would need 3,5 earths to fulfill all our needs if everyone consumed as much as the average US citizen. Niger, Mali and Uganda have the highest birth rate in the world, they are also among the countries with the lowest schooling rate. It does not sound to me like a crazy idea to adopt a child from one of these countries, instead of making my own naturally. If, for you, making a family is about giving love more than reproducing yourself and if you are ready to endure the paperwork, then this might be an option. </p>
<figure>
<img src="/assets/img/impact.jpg" alt="" /><figcaption>
Credit: Seth Wynes / Kimberly Nicholas, Environmental Research Letters, 2017</figcaption>
</figure>
<p class="intro">2. Reconsider the environment you wish to live in </p>
<p>
It might sound like being a life goal to have a house in the suburbs or on the countryside, but it is actually a terrible idea in terms of the impact on the environment. First of all, living far from the city means you are more likely to drive to work, to the shopping mart, to the school of your kids etc. Public transportation is logically less developed in less populated areas. Unless you buy it on local market, most of the food you eat will have traveled from a large city distribution center to your plate, which is also far from being ideal. In dense habitats, most of the infrastructure is mutualized which makes it interesting in terms of energy savings. For instance, a large number of adjoining appartments will have a minimized heat loss compared to many small isolated houses. It looks like our future is in the city!
</p>
<p class="intro"> 3. Watch your money </p>
<p>Next time you worry about taking too much time showering, you would be better at thinking about where to place your savings instead. You probably heard in the news about large french banking groups like BNP Paribas and Credit Agricole recently pledged to stop financing companies whose main activity stems from oil and natural gas from shale or tar sands (If you did not, have a look <a href="https://www.bloomberg.com/news/articles/2017-10-11/bnp-paribas-to-halt-shale-oil-financing-in-climate-change-pledge"> here</a>. ). This is quite a pioneering policy though. In 2016, the world largest banks still lent $87 bn to oil, coal and gas companies. A report, entitled <a href="http://priceofoil.org/2017/06/21/banking-on-climate-change/">Banking on Climate Change: Fossil Fuel Finance Report Card 2017</a> stated that meeting the Paris Agreement's target of staying well under a 2°C increase in global temperature, would require a complete halt to all financing on such extreme fossil fuel extraction and infrastructure. In parallel, a report from the french branch of <a href="http://financeresponsable.org/rubrique.php?id_rubrique=4">Friends of the Earth international</a>, showed that owning as little as 5000 euros on a Livret A (savings account) in 2015 at the french bank Credit Agricole was equivalent to driving a small truck instead of biking to work in term of greenhouse effect gas emissions. Ethical banks are on a roll, they are just waiting for us!</p>
</description>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">O</span>ne of the fundamental things you learn as a physicist is that not everything matters. Interactions depend on the magnitude of the typical quantities driving the physics behind them. The magnitudes of forces, times, distances and energies involved in physical systems determine how one should approach and model nature. Considering, for instance, that the ground is flat is a perfectly valid hypothesis if you are a civil engineer hired to build a house with a floor at level. We know however that the earth is round and the ground is far from being flat, but the curvature of our planet can be neglected at the scale of the plot you are building the house on.
</p>
<p>Those principles extend to almost all fields we know. Microeconomics, which studies the economical interactions of individuals and firms, and macroeconomics, which considers the same type of interactions but at the scale of a country or a region, are for instance driven by very different mathematical models. Climate and weather are another example. Although we know that green gases in the atmosphere are responsible for the global rise in temperatures on Earth, predicting the temperature in Montreal tomorrow is another story. Quite often, the interplay between a large-scale behavior and small-scale effects is very complicated to understand and to model.
</p>
<p>
We often build our judgment on phenomena based on the context we live in, which explains why people in North America become more skeptical about 'global warming' during gnarly winters. Sometimes, the scale bias causes us to adopt useless or even counterproductive behaviors. This is particularly true when it comes to considering our environmental footprint. Listening to the news, many things we are encouraged to do in order to save the planet turn out having very little impact at the end of the day. On the other hands, there are less obvious ideas that very few talk about, which I believe can be game-changers if implemented at large scales. </p>
<p>
I listed those that appeared to be the most relevant in terms of impact. The metrics that quantify such impact of course depends on a number of parameters, and to simplify, I considered the case of a couple of millennials leaving in a developed country, which corresponds to the majority of my readership.
</p>
</description>
<pubDate>Wed, 03 Jan 2018 00:00:00 -0800</pubDate>
<link>http://localhost:4000/articles/impact-parameters/</link>
<guid isPermaLink="true">http://localhost:4000/articles/impact-parameters/</guid>
<category>articles</category>
</item>
<item>
<title>Apologie des fantasmes</title>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">"M</span>alheur à qui n'a plus rien à désirer! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux. En effet, l'homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion.[...] Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d'être habité et tel est le néant des choses humaines, qu'hors l'Être existant par lui-même, il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas."
Jean-Jacques Rousseau - Extrait de La Nouvelle Héloïse, VIII, 1761
</p>
<p>
Nous étions assises toutes les trois ce soir là dans la cuisine pour une de nos désormais régulières soirées peinture. Je leurs racontais mes troubles du moment. Elles m'écoutaient tout en touillant leurs pinceaux dans les gobelets en plastique. L'une d'entre elle prenait la parole. On riait bien. On riait aussi souvent un peu jaune. C'était un peu comme une séance d'art-thérapie et la cuisine faisait office d'institution spécialisée.
</p>
<p>
Il fallait attendre que ça sèche. Je leur parlais de ma vie. A quel point c'est un peu comme un esquisse de Picasso pas finie: pas de couleur, pas vraiment de forme, mais l'espoir quand même que ça puisse devenir autre chose qu'une croûte. Je leur disais comment notre chemin à Gabriel et à moi était bien tracé comme une parfaite ligne de perspective, et comment moi je n'aimais pas ça, trop "addicte" de la perfection de l'imperfection.
</p>
<p>
J'en suis venue à me demander pourquoi je n'étais jamais totalement contente de l'état de ma vie. L'insatisfaction c'est un peu ma fréquence fondamentale. Ça fait partie du personnage. Si j'étais la plénitude incarnée, j'irais surement boire des bières et me faire griller des saucisses au lieu d'aller écrire des poèmes au bord du canal Lachine. Mais je ne m'y connais pas en bbq. Faut croire que c'est un truc d'artistes. Les artistes vivent dans le fantasme constant. C'est leur façon d'endurer la vie: en y mettant des couleurs, en arrondissant les angles, en imaginant les mots pour décrire leur réalité augmentée.
</p>
<p>
Il y a quelque chose dans le fait de faire une toile qui se rapproche de chanter ou avoir un orgasme: une espèce de sentiment libérateur, comme si le temps ne filait plus, comme si tout le reste était mis entre parenthèses. C'est pour donner un peu de réalité à notre imaginaire, en fait. Ça fait vraiment du bien. Il y a ceux qui font le monde de leurs petite mains, et ceux qui en bâtissent l'architecture dans un coin de leur tête. Les deux se complètent, mais trop souvent le second à la tête pleine de fantasmes et trébuche sur ses désillusions. Condamné à être ultimement déçu.
</p>
<p>
Alors oui les artistes ne seront jamais heureux dans la réalité. Ils sont heureux quelque part dans leurs tête là où personne ne les fait chier sur le choix de la perspective et des couleurs. Ils n'ont pas vraiment besoin d'être heureux. Ils ont besoin qu'on croit en eux, parce qu'ils sont essentiels.
</p>
<p class="intro">
"Elle pense qu'il va dire: je t'aime.
Mais non.
Il murmure une phrase importante.
Une phrase à laquelle elle pensera sans cesse.
Qui sera l'essence de son obsession.
Puisses-tu ne jamais oublier que je crois en toi."
</p>
<p>
David Foenkinos, Charlotte
</p>
</description>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">"M</span>alheur à qui n'a plus rien à désirer! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux. En effet, l'homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion.[...] Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d'être habité et tel est le néant des choses humaines, qu'hors l'Être existant par lui-même, il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas."
Jean-Jacques Rousseau - Extrait de La Nouvelle Héloïse, VIII, 1761
</p>
<p>
Nous étions assises toutes les trois ce soir là dans la cuisine pour une de nos désormais régulières soirées peinture. Je leurs racontais mes troubles du moment. Elles m'écoutaient tout en touillant leurs pinceaux dans les gobelets en plastique. L'une d'entre elle prenait la parole. On riait bien. On riait aussi souvent un peu jaune. C'était un peu comme une séance d'art-thérapie et la cuisine faisait office d'institution spécialisée.
</p>
<p>
Il fallait attendre que ça sèche. Je leur parlais de ma vie. A quel point c'est un peu comme un esquisse de Picasso pas finie: pas de couleur, pas vraiment de forme, mais l'espoir quand même que ça puisse devenir autre chose qu'une croûte. Je leur disais comment notre chemin à Gabriel et à moi était bien tracé comme une parfaite ligne de perspective, et comment moi je n'aimais pas ça, trop "addicte" de la perfection de l'imperfection.
</p>
<p>
J'en suis venue à me demander pourquoi je n'étais jamais totalement contente de l'état de ma vie. L'insatisfaction c'est un peu ma fréquence fondamentale. Ça fait partie du personnage. Si j'étais la plénitude incarnée, j'irais surement boire des bières et me faire griller des saucisses au lieu d'aller écrire des poèmes au bord du canal Lachine. Mais je ne m'y connais pas en bbq. Faut croire que c'est un truc d'artistes. Les artistes vivent dans le fantasme constant. C'est leur façon d'endurer la vie: en y mettant des couleurs, en arrondissant les angles, en imaginant les mots pour décrire leur réalité augmentée.
</p>
<p>
Il y a quelque chose dans le fait de faire une toile qui se rapproche de chanter ou avoir un orgasme: une espèce de sentiment libérateur, comme si le temps ne filait plus, comme si tout le reste était mis entre parenthèses. C'est pour donner un peu de réalité à notre imaginaire, en fait. Ça fait vraiment du bien. Il y a ceux qui font le monde de leurs petite mains, et ceux qui en bâtissent l'architecture dans un coin de leur tête. Les deux se complètent, mais trop souvent le second à la tête pleine de fantasmes et trébuche sur ses désillusions. Condamné à être ultimement déçu.
</p>
<p>
Alors oui les artistes ne seront jamais heureux dans la réalité. Ils sont heureux quelque part dans leurs tête là où personne ne les fait chier sur le choix de la perspective et des couleurs. Ils n'ont pas vraiment besoin d'être heureux. Ils ont besoin qu'on croit en eux, parce qu'ils sont essentiels.
</p>
<p class="intro">
"Elle pense qu'il va dire: je t'aime.
Mais non.
Il murmure une phrase importante.
Une phrase à laquelle elle pensera sans cesse.
Qui sera l'essence de son obsession.
</p>
</description>
<pubDate>Mon, 08 Aug 2016 00:00:00 -0700</pubDate>
<link>http://localhost:4000/articles/apologie-des-fantasmes/</link>
<guid isPermaLink="true">http://localhost:4000/articles/apologie-des-fantasmes/</guid>
<category>articles</category>
</item>
<item>
<title>Das Reich der Würste</title>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">M</span>y conf mate S. was quietly laughing at me: maybe she wondered what I did to them. I am clearly not a stunner, although I neither have the right nor the time to hate my body, I can't possibly put my 80B or my half-moon face on my CV. It has to be something else.
</p>
<p>If not the physical attributes, let it be the skills. I guess I am doing pretty well on this paragraph. A small funny girl like me, speaking out and clumsy like a teacher's pet, it must be exotic enough. As far as I can tell physicists do love anomalies. Truth is, you start getting fed up with being the target for the next collision. One of the ways to knock out the impact parameter is telling them that your are already taken. In general, they immediately dump the beam: physicists care about principles (not like those guys from economic schools obsessed with instantaneous profit). But this trick is not always working. Partly because some girls are too often playing it as a joker which means we have now to prove the existence of the beloved one up to 5 sigmas to be taken seriously. The other main reason is that most physicists approaching their thirties have became as pugnacious as they are desperate, obstination being their first quality at work.
</p>
<p>
Long story short: a girl (or shall I say a woman) can expect to get more free drinks in a party at a Physics summer school, than a prostitute would at Tyrion Lannister's birthday (provided such summer school is not organized by South Arabia...which was the case since we were in Hamburg, Germany). She would have a lot of fun, but after the third Sex on the Beach or pilsner pint (she is trained!), she may taste a bit of hypocrisy on the tip of her tongue.</p>
<p>
S. was almost sobbing when she went for her bus to the airport. It's not easy to make friends in the sausages realm. When half of your colleagues are buying you drinks for mischievous reasons, it's though not to have anybody to trash with about people's lack of humanity. Once in a while, you meet one who is different and it's heartwarming. You start hoping he could be a friend. But the cross section is rather low in this sector and these golden boys are often weakly interacting. Mother nature is sometimes not helping to go beyond the Standard Model of men.</p>
</description>
<description><p class="intro"><span class="dropcap">M</span>y conf mate S. was quietly laughing at me: maybe she wondered what I did to them. I am clearly not a stunner, although I neither have the right nor the time to hate my body, I can't possibly put my 80B or my half-moon face on my CV. It has to be something else.
</p>
<p>If not the physical attributes, let it be the skills. I guess I am doing pretty well on this paragraph. A small funny girl like me, speaking out and clumsy like a teacher's pet, it must be exotic enough. As far as I can tell physicists do love anomalies. Truth is, you start getting fed up with being the target for the next collision. One of the ways to knock out the impact parameter is telling them that your are already taken. In general, they immediately dump the beam: physicists care about principles (not like those guys from economic schools obsessed with instantaneous profit). But this trick is not always working. Partly because some girls are too often playing it as a joker which means we have now to prove the existence of the beloved one up to 5 sigmas to be taken seriously. The other main reason is that most physicists approaching their thirties have became as pugnacious as they are desperate, obstination being their first quality at work.
</p>
<p>
Long story short: a girl (or shall I say a woman) can expect to get more free drinks in a party at a Physics summer school, than a prostitute would at Tyrion Lannister's birthday (provided such summer school is not organized by South Arabia...which was the case since we were in Hamburg, Germany). She would have a lot of fun, but after the third Sex on the Beach or pilsner pint (she is trained!), she may taste a bit of hypocrisy on the tip of her tongue.</p>
<p>
S. was almost sobbing when she went for her bus to the airport. It's not easy to make friends in the sausages realm. When half of your colleagues are buying you drinks for mischievous reasons, it's though not to have anybody to trash with about people's lack of humanity. Once in a while, you meet one who is different and it's heartwarming. You start hoping he could be a friend. But the cross section is rather low in this sector and these golden boys are often weakly interacting. Mother nature is sometimes not helping to go beyond the Standard Model of men.</p>
</description>
<pubDate>Sun, 17 Jul 2016 00:00:00 -0700</pubDate>
<link>http://localhost:4000/articles/das-reich-der-wuerste/</link>
<guid isPermaLink="true">http://localhost:4000/articles/das-reich-der-wuerste/</guid>
<category>articles</category>
</item>
<item>
<title>Le Loup Moralisateur</title>
<description><figure>
<img src="/assets/img/wolf.jpg" alt="" />
<figcaption>Acrylic paint and ink on carboard.</figcaption>
</figure>
</description>
<description><figure>
<img src="/assets/img/wolf.jpg" alt="" />
<figcaption>Acrylic paint and ink on carboard.</figcaption>
</figure>
</description>
<pubDate>Mon, 14 Sep 2015 00:00:00 -0700</pubDate>
<link>http://localhost:4000/articles/wolf/</link>
<guid isPermaLink="true">http://localhost:4000/articles/wolf/</guid>
<category>art</category>
</item>
</channel>
</rss>