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Varoš près de Prilep, Sušica, Tǎrn, Bačkovo, Lesnovo, Nesebǎr, etc.), et cette tradition se perpétue jusqu’à Moscou (Archangel‘skij sobor), en Asie Mineure, en Arménie et au Proche-Orient. En Italie, on la rencontre à St Angelo in Formis et dans la chapelle des "7 archanges" à Palerme, en Grèce surtout à Thessalonique et au Mont Athos, donc aux endroits où les éléments grecs et slaves s’entremêlaient. La position de ce culte sera plus évidente si on le compare avec celui des saints guerriers dont les archanges se rapprochent souvent, par l’attribut du glaive et de l’uniforme militaire dont l'influence sur la naissance de la chevalerie en Europe occidentale est, dès maintenant, hors de doute. Je pense, sous ce rapport, à l’exacte caractéristique iconologique de Grabar, en connexion avec la fondation de l’église des 40 martyrs à Tǎrnovo, érigée en l’honneur de la bataille victorieuse de Klokotnica (1230): la fondation elle-même est une allusion à la mort héroïque des combattants bulgares. A l’instar de cette église de Tǎrnovo, une série de tableaux des saints guerriers dans les églises et les chapelles privées de Trapezica — centre principal des boyards bulgares de Tǎrnovo, nous fournit un témoignage immédiat sur l’indéniable signification historique du phénomène. En antithèse à une tradition analogue de Byzance, on assiste à l’accentuation de l'élément de la lutte pour la libération nationale (ambivalence du symbole). Sous le même rapport, il faut considérer l’importance du fait que le grand archange Michel, perçant de son épée le dragon apocalyptique, fut choisi comme patron du prince Boris lors de son baptême et devint, par là-même, partie du culte dynastique.18 La chapelle Ste Marina atteste l’existence des saints guerriers dans le sens susmentionné (mur Nord) en tant que pendant aux saints ermites (mur Sud). Ce choix iconographique et l’accentuation picturale des figures des archanges nous conduisent forcément à la conclusion que la chapelle Ste Marina, loin de représenter une donation coutumière, poursuit le but de prêter un accent idéologique très prononcé à un endroit lié, sans doute, à une bataille victorieuse et à la protection d’un point stratégique important.
Le manque de place nous oblige à passer sous silence certains éléments iconographiques qui sont fréquents. Le problème de l’identification des figures d’homme et de femme aux côtés des archanges de la façade doit rester ouvert. Une interprétation relativement plausible nous invite à y voir "la rencontre de St Joachim et de Ste Anne devant la porte d’or de Jérusalem"; ou ne saurait, d’autre part, omettre cependant une seconde interprétation, qui croit y découvrir "les chassés du paradis" — Adam et Ève en glorification mystique (St Paul: "le nouvel Adam"). Le texte sur le rouleau conservé à la main de l'archange est difficilement lisible mais peut, en partie, être déchiffré comme suit: "IŽE [N]E U Č[E]STI[O] ... SĚ KAĘŠ [ČLOV]ĚČE MĚ V ... BLAŽEĘ B[O]Ž[I]E ... [?BOŽESTVE] NI DOMI M[I]LOSTI ... [MOEM?]". On peut l’utiliser à l‘appui des deux interprétations. Une attention particulière doit être consacrée à la scène de la Transfiguration et du Festin d’Abraham qu’on analysera plus minutieusement dans la partie relative à la forme. Reste le problème des <I>nimbes rouges</I>
18 Le caractère "fortuit" du choix du nom d‘après l‘empereur Michel III est un symptôme courant de la cristallisation de la symbolique médiévale; l’aspect politique byzantin primordial est adopté et transposé dans l‘antithèse. Cf. la situation analogue en Géorgie: M. D. Lordkipanidze, История Грузии XI—нач. XIII века. Tbilisi 1974.